Sources d'inspiration

Pérou

Le train de la Vallée sacrée :

Au départ de Cuzco, faute de route pour rejoindre le Machu Picchu, on peut emprunter trois itinéraires : le sentier de randonnée Inka Trail (trois jours de marche), l'hélicoptère (une demi-heure de vol) qui permet d'admirer la diversité étonnante des paysages péruviens, ou le petit train qui, en cinq à six heures, transporte son lot de touristes et de paysans. C'est une réplique presque parfaite de celui qu'emprunter Tintin et le Capitaine Haddock dans "Le Temple du Soleil". La voie ferrée longe les berges du rio Urubamba, au coeur de la Vallée sacrée, qui était la propriété de l'Inca (titre de l'Empereur) et des lignages royaux.

Le retour du culte solaire :

Les ruines de l'ancienne forteresse inca de Sacsahuaman, à Cuzco, sont célèbres pour leurs énormes blocs de granit appareillés sans mortier. Sur ce site se déroule la fête du Soleil d'Inti-Rami. Ce spectacle grandiose, qui fait la joie des touristes, est aussi très apprécié par les Péruviens d'origine indienne. Les cultes et les fêtes rituelles incas avaient en effet été formellement interdits par les colonisateurs espagnols. Pour un peuple dont la culture a été niée et combattue pendant des siècles, Inti-Rami offre l'occasion d'affirmer une fierté retrouvée.

Le Lama

Le lama, auquel Hergé prête un caractère ombrageux, est la bête de somme des hauts plateaux andins. Dans les villes, ce robuste animal est peu à peu supplanté par des triporteurs.

Une galerie de portraits tout à fait ressemblants :

Dans le monde d'Hergé rares sont les personnages inventés de toutes pièces. La plupart sont inspirés par des proches de l'auteur, des figures historiques ou des célébrités de l'époque. Retour aux sources.

Un air de famille :

Paul Remi, frère cadet d'Hergé, n'est pas sans avoir une certaine ressemblance avec Tintin. Son visage aux traits réguliers contrastait avec un tempérament casse-cou, très différent de celui d'Hergé. Pour autant, le père de Tintin reconnaissait volontiers que ce frère, plus jeune de cinq ans, lui avait inspiré, sans doute à son insu, des gestes et des attitudes qu'il prêta aux premières aventures de son héros.

Hergé et les siens :

Parmi les collaborateurs d'Hergé, deux noms se distinguent : Edgar Pierre Jacobs (à droite) et Bob De Moor (à gauche). Le premier n'assista Hergé que de 1943 à 1946, travaillant à la refonte des albums et effectuant un gros du travail documentaire pour "Le Temple du Soleil". Après 1946, il se consacra aux aventures de ses propres héros, Blake et Mortimer. Bob De Moor, pionnier, lui aussi, du journal Tintin dès 1946, travailla avec Hergé à partir d'"Objectif Lune".

Une rivale en coulisses :

Après sa première apparition, dans "Le Sceptre d'Ottokar", en 1939, la cantatrice Bianca Castafiore, surnommée le "Rossignol milanais", ne cessera de s'affirmer jusqu'à faire partie du cercle intime de la famille de Tintin, aux côtés de Haddock, de Tournesol et des Dupondt. Pour camper cette diva, Hergé s'inspira de la soprano italienne Renata Tebaldi (ci-dessus), qui fut la grande rivale de Maria Callas, et triompha sur les principales scènes mondiales jusqu'à la fin des années cinquante.

Alias Marcel Dassault :

Autoritaire, tricheur, avare, méprisant avec ses subordonnés, et vêtu comme l'as de pique... Hergé a lourdement chargé le portrait de Laszlo Carreidas, constructeur d'avions et brasseur d'affaires internationales dans "Vol 714 pour Sydney". Sa réputation "d'homme qui ne rit jamais" le rapproche du célèbre avionneur Marcel Dassault, écharpe, lunettes et chapeau mou compris.

Une histoire de pirates :

Le pirate Rackham le Rouge emprunte à deux personnages distincts : un certain John Rackham, qui écuma la mer des Antilles avant d'être pendu à la Jamaïque en 1720, et un pirate haïtien nommé Lerouge, personnage fictif d'un roman américain. Quant à la physionomie du pirate d'Hergé, certains lui trouvent une vraie ressemblance avec Richelieu !

Le jumeau du professeur Tournesol :

C'est un scientifique de haute volée qui inspira à Hergé le personnage du professeur Tournesol. Le terme s'applique au physicien suisse Auguste Piccard (1884-1962), professeur à l'université de Bruxelles, concepteur d'un ballon à nacelle étanche aménagée par ses soins, qui lui permit d'effectuer les premières ascensions stratosphériques et de battre, au début des années trente, le record d'altidude à 16 000 mètres du sol ! Physicien de l’extrême, Piccard fut à l'origine du premier bathyscaphe (1948). Il effectua des plongées à grande profondeur qui révolutionnèrent l'océanographie. Le sous-marin de poche en forme de requin de Tournesol dans "Le Trésor de Rackham le Rouge" n'est donc pas complètement farfelu. Seules libertés prises avec son modèle original : Auguste Piccard n'était pas sourd et avait une taille immense avec un cou interminable. Et Hergé d'avouer : "J'ai fait de Tournesol un mini-Piccard, sans quoi j'aurais dû agrandir les cases du dessin !"

Dans le sillage d'Henri de Monfreid :

Sous les traits du capitaine qui recueille Tintin à son bord dans "Les Cigares du Pharaon", c'est Henri de Monfreid (1879-1974), le célèbre écrivain aventurier, qu'Hergé a représenté : même lieu, la mer Rouge, même bateau, un boutre, même activité, le trafic d'armes. Le best-seller "Les Secrets de la Mer Rouge" est publié l'année où Hergé commence "Les Cigares du Pharaon". La tenue vestimentaire du personnage tient cependant plus du paisible yachtman que de celle du vrai Monfreid.